Francine Prose est membre de la direction du Pen Club et écrivian. Elle a publié en France « Visite guidée de l’Enfer », « Blue Angel », « un homme changé » chez Anne-Marie Métailié.

“L’été d’après” à paraître le chez Baker Street.

Visite de la New York Public Library avec son directeur Paul Holdengraber.

Fondé en 1922, le Pen américain a d’abord été dirigé par John Galsworthy, homme de gauche et auteur de la célèbre « Forsythe Saga », l’équivalent de la série des Thibault chez nous. Parmi ses récents présidents Arthur Miller, Norman Mailer, Susan Sontag et, actuellement, Salman Rushdie. Le Pen défend la liberté d’expression dans le monde, promeut la traduction de livres étrangers aux Etats-Unis, délivre des bourses d’aide à l’écriture et à la traduction, s’occupe d’ateliers d’écriture dans les prisons, les hôpitaux, les écoles des quartiers défavorisés, et mille autres choses parmi lesquelles, depuis cinq ans, la tenue d’un festival international, le World Voices, qui a eu lieu entre le 27 avril et le 3 mai.

160 écrivains représentants 41 pays, s’exprimant en 18 langues s’y sont rencontrés pour des débats, des lectures, des conférences autour d’un thème général : comment le monde change et comment nous change-t-il ?

Pendant une semaine, nous n’avons su où donner de la tête ni où diriger notre micro, tellement choisir, donc éliminer, était douloureux. Après l’émission de ce lundi avec Randall Kennedy, le spécialiste américain de la question noire, nous poursuivons ce soir nos rencontres new yorkaises avec Francine Prose, l’une des dirigeantes du Pen, et la visite de la New York Public Library avec son directeur Paul Holdengraber. Aurélie Charon, elle, avait choisi l’exotisme texan en partant à Houston où le français Pascal Rambert met en scène un opéra de Lully, « Armide ».

Présidente du Pen American Center depuis 2007, Francine Prose enseigne l’écriture à la John Hopkins university et collabore régulièrement au Wall Street Journal et à Harper’s. Elle a publié une douzaine d’ouvrages, essais, nouvelles, romans et livres pour la jeunesse. Trois ont été traduits chez Métailié, trois chez Denoël, et le dernier « L’été d’après » vient de paraître aux éditions Baker Street. Roman dont la narratrice est une adolescente qui vient d’assister à la noyade de sa sœur et tente de surmonter culpabilité et terreur avec une lucidité et un humour grinçant qui sont les marques de fabrique de l’auteur.

Nous avons rencontré Francine Prose par un très chaud matin de la semaine dernière, juste en bas de son bureau, dans le petit jardin poussiéreux de Washington Square, où les étudiants viennent discuter entre deux cours en buvant un café, où quelques gamins se chamaillent autour d’un vieux toboggan tandis que les bus et les yellow cabs rugissent tout autour. Ambiance 100% newyorkaise…

La New York Public Library est, avec plus de 50 millions de documents dont 20 millions de livres, la 3è plus grande bibliothèque du monde après celle du Congrès à Washington et la British Library de Londres. Située sur la 5è avenue à la hauteur de la 40è rue, elle fonctionne depuis 1911 grâce à une association de fonds publics et privés. Sa dotation actuelle est de 462 millions de dollars, et elle a ouvert 4 départements de recherche, 4 de prêt, 1 pour les aveugles et handicapés et 77 antennes locales dans trois districts de NY. Depuis un peu plus de quatre ans elle est dirigée par Paul Holdengraber, un tout jeune garçon de 48 ans, incroyablement drôle, parlant un français parfait et monté sur ressorts. Il lui a insufflé une vie nouvelle, ouvrant ses salles chuchotantes au fracas de la vie avec des rencontres de haut niveau sur des sujets d’actualité, des interviews d’intellectuels, d’écrivains, d’artistes, de scientifiques, des projections, des concerts et même un opéra dans l’une des salles de lecture ! Depuis, cette vénérable institution est devenue l’un des lieux de New York où il se passe toujours quelque chose, et durant le Pen World Voices Festival, évidemment. Nous avons couru derrière Paul Holdengraber pour une visite speedée mais passionnante, monté et descendu des centaines de marches et terminé, essoufflées mais ravies, devant une magnifique exposition, organisée par l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine) que nous avions ratée à Paris, sur les intellectuels français sous l’Occupation. Signalons à nos auditeurs de la région lyonnaise que l’épatant Paul Holdengraber sera aux assises internationales du roman à la Villa Gillet à Lyon, manifestation dont France Inter est partenaire, le jeudi 28 mai pour un dialogue avec le psychanalyste anglais Adam Philips.